Confinement : ceux qui font le cinéma belge (Jaco Van Dormael, Tania Gabarski, Stephan Streker,..) vous conseillent les films à voir absolument
Voici les œuvres que Tania Garbarski, Pauline Etienne, Isabelle De Hertogh, Jaco Van Dormael, Joachim Lafosse, Stephan Streker et Thomas Ancora vous conseillent pour le confinement.
- Publié le 26-04-2020 à 15h11
- Mis à jour le 26-04-2020 à 15h12
Voici les œuvres que Tania Garbarski, Pauline Etienne, Isabelle De Hertogh, Jaco Van Dormael, Joachim Lafosse, Stephan Streker et Thomas Ancora vous conseillent pour le confinement.
Thomas Ancora
Bridesmaids (Mes meilleures amies) et Bad Neighbors (Mes pires voisins). Deux comédies assez potaches, décalées et divertissantes, qui me font toujours rire même après les avoir vues 10 fois (surtout Bridesmaids ) et je pense que c’est pile ce dont les gens ont besoin en ce moment. Si Bridesmaids est culte du début à la fin pour moi, tout le monde s’accorde pour dire que les scènes de l’avion et de l’essayage de robes sont les meilleures (je n’en dis pas plus…)
Mariage story. Dispo sur Netflix, voici l’histoire d’une rupture. Fort, brut, merveilleusement bien joué. Attention, à ne pas voir si vous êtes confinés avec votre moitié et que ça ne se passe que moyennement bien ! (Rires)
Little Monsters. D’Abe Forsythe avec Lupita Nyong’o. Je suis tombé dessus un peu par hasard et ce fut une jolie surprise. Des zombies, quelques bonnes blagues et du "shake it off" (je vous laisse comprendre quand vous verrez le film !)
Nocturnal Animals. De Tom Ford avec Jake Gyllenhal. Un thriller aussi captivant que joliment réalisé dont peu de gens ont parlé.
Jaco Van Dormael
Rachel, Rachel. De Paul Newman, en 1968, adapté du roman de Margaret Laurence avec la formidable Joanne Woodward. Une institutrice trouve la force de quitter son passé. Magnifiques allers-retours entre l’enfance et l’âge adulte. Le DVD a rarement été réédité. Pas facile à trouver, comme grand nombre de formidables films.
Le Miroir. D’Andreï Tarkovski, en 1975. Ce film m’hypnotise. Je ne comprends rien à ce qui s’y passe, ni pourquoi ce film me fait cet effet, mais il me bouleverse chaque fois. C’est ce que j’aime bien.
Amarcord. De Federico Fellini, en 1973. Le film est écrit comme un poème, dans une apparente absence d’histoire comme l’est peut-être la vie, merveilleusement tressé par la mémoire.
It’s a Wonderful Life. De Frank Capra, en 1946. La magnifique expérience d’assister à ce qui serait arrivé si on n’était pas nés.
Brazil. De Terry Gilliam, en1985. Parce qu’on ne s’en lasse pas.
Isabelle De Hertogh
Le voyage de Chihiro. Pour la poésie et le message qu’il apporte aux enfants et aux adultes (comme tous les films de Miyazaki)… Parce que je suis maman, aux plus grands, je recommande tout Tim Burton. Et les films merveilleux de Chaplin, pour nous ouvrir l’esprit, l’âme et le cœur. Le Kid, mais aussi Le dictateur.
Filles de joie. Je l’ai vu au cinéma avant le confinement. Mise en scène et interprétation exceptionnelles, Filles de joie de Frédéric Fonteyn et Anne Paulicevich offre des portraits de femmes fabuleux, comme à chaque fois dans les films de Frédéric Fonteyne. C’est rare de parler des femmes avec cette véracité-là.
Jumbo. Zoé Wittock est une jeune réalisatrice belge de grand talent. Son scénario est d’une poésie étrange et fascinante. On y retrouve dans le rôle principal une des actrices les plus talentueuses de la nouvelle génération, Noémie Merlant.
Tout sur ma mère. Je suis une inconditionnelle d’Almodovar. Ce film-là m’avait tant émue et bouleversée…
La Meglio Gioventu. Pour ceux qui ont envie d’entrer dans une longue saga, voici un trésor, une galerie de personnages incroyables et une histoire dans le temps qu’on ne lâche pas un seul instant.
Pauline Etienne
Proxima. D’Alice Winocour. Il est un peu passé à la trappe. Mais c’est un très, très beau film d’Alice Winocour, qui avait déjà réalisé Augustine, Maryland et qui avait participé à l’écriture de Mustang de Deniz Gamze (une autre œuvre magnifique d’ailleurs). C’est un film qui m’a marqué !
The Danish Girl. De Tom Hooper. Très belle histoire d’amour avec des acteurs.trices assez incroyables.
Lulu femme nue. De Solveig Anspach. Une ode à la liberté ? Je ne sais pas… En tout cas, une respiration !
Le voyage du jeune prince. De Jean-François Laguionie et Xavier Picard. C’est un beau film à regarder en famille (enfant à partir de 5 ans je dirais) Sujet très actuel : La migration, la différence, l’écologie…
Ponyo sur la falaise. De Hayao Myazaki. Grand classique du cinéma. Tellement beau, tellement juste, et poétique… Mais en fait, il faut (re) voir tous les films de Myazaki !
Joachim Lafosse
La leçon de piano. De Jane Campion. Le plus beau film sur la force du désir ! Un hymne à la liberté et la création !
Mr. Smith au Senat. De Frank Capra. L’homme peut se relever, vaincre et triompher de l’adversité. Film à voir avec des enfants !
Running on empty. De Sidney Lumet. Ou s’arrête le radicalisme quand on est un adolescent amoureux ? Film à voir avec des enfants.
Jeanne Dielman, 23 Commerce Quay, 1080 Brussels. De Chantal Akerman. Le film qui a ouvert la voie a une grande partie des autrices et auteurs du monde entier. Regard sur un personnage hors du spectacle une dramaturgie laissant apparaître une humanité presque trop proche de chacun d’entre nous.
Une femme sous influence. De John Cassavetes. Un acteur cinéaste filme sa femme qui perd pied, le plus beau personnage de personnage à la dérive. Gena Rowlands, la plus grande actrice du monde ! En ces temps particuliers, il peut être très heureux de tenter de regarder les œuvres entières de cinéastes ; c’est une façon fascinante d’entrer en amour avec les films ! Et surtout, on retourne tous remplir les salles de cinéma dès la fin du confinement !
Stephan Streker
Memories of Murder. De Bong Joon Ho. Ce fut pour moi la découverte, d’un coup, d’un film immense et d’un cinéaste inédit dont j’allais aimer tous les films. Tout, absolument tout, est neuf et original dans ce long métrage qui unit, le temps d’une enquête ample et compliquée, un policier des villes et un policier des champs. C’est brillantissime, parfois exalté, parfois franchement drôle, toujours inspiré. Malgré tout ce qu’on a pu voir dans le domaine, Memories of Murder est l’alpha et l’oméga du film de serial killer.
Le trou. De Jacques Becker. L’immense Jean-Pierre Melville aurait dit à propos du Trou qu’il est le plus grand film français de tous les temps. Ce long métrage qui se passe en prison est d’une noblesse et d’une élévation spirituelle sans doute jamais atteinte. La tentative d’évasion, physique, répétitive, lancinante fascine le spectateur. Rarement enjeu moral aura été aussi bien communiqué par les moyens du cinéma que sont l’image, le son et le temps. Deux mots dits dans ce film restent inoubliables et font désormais partie de l’histoire du cinéma : "Pauvre Gaspard."
Sorcerer. De William Friedkin. Sur les cinq films que j’ai choisis, un seul est maudit : Sorcerer. Cette autre adaptation, incroyablement spectaculaire, du roman de Georges Arnaud, Le salaire de la peur, vingt-quatre ans après le film du grand Henri-Georges Clouzot, fut à la fois un terrible échec financier et un enfer à monter, réaliser et sortir. L’union désespérée de ces rejetés de la vie lancés ensemble dans une aventure apocalyptique donne lieu à des instants de bravoure ahurissants, où brille la scène des camions menacés de déflagration sur un pont fragile, attaqué par la tempête. Un film essentiel, bloc brut de cinéma pur.
Le temps des Gitans. D’Emir Kusturica. Je n’avais vu aucun film de son auteur quand j’ai découvert Le temps des Gitans dans la grande salle du Festival de Cannes. L’émotion ressentie au moment du générique de fin est presque sans égale. Le réalisme magique, l’émotion frontale, le lyrisme jusqu’aux frontières du ridicule, les envolées poétiques : Emir Kusturica a eu toutes les audaces et les a toutes réussies dans ce film qui le consacrait sous mes yeux comme un des plus grands cinéastes de l’histoire. Inoubliable moment dans ma vie de cinéphile.
Carlito’s Way (L’impasse). De Brian De Palma. Très dur pour moi de choisir un seul film de mon cinéaste chouchou. Mais dans Carlito’s Way, le tandem Brian De Palma - Al Pacino est à son apogée. La mise en scène toujours inventive et inspirée est sans cesse au service de l’action. Cette histoire d’un gangster continuellement rattrapé par son passé offre de nombreuses scènes d’anthologie dont une poursuite de dingue dans le métro new-yorkais. Mention particulière pour un Sean Penn méconnaissable en crapule ultime et un John Leguizamo inoubliable en Benny Blanco from the Bronx.
Tania Garbarski
La Boum 1 et 2. De Claude Pinoteau. En période de confinement revoir La Boum, c’est recommandé par le ministre de la Santé. Le sourire de Mathieu (acteur qu’on a plus jamais revu depuis d’ailleurs mais on s’en fout, pour nous, c’est Mathieu) et on se rappelle de cette scène mythique où il colle un casque de Walkman sur les oreilles de Vic (l’irrésistible Sophie Marceau). Au milieu du brouhaha soudain résonne : Dreams Are My Reality. Et quand on en a marre du sourire de Mathieu on switche sur La Boum 2 avec le regard irrésistible de Pierre Cosso (qu’on a plus vu non plus d’ailleurs mais on s’en fout). Et à nouveau une chanson pour danser un slow dans son salon : les Cook da Books avec Your Eyes.
Et Dominique Lavanant en parfumeuse hystérique, Claude Brasseur en patins à roulettes, Brigitte Fossey qui se fait draguer par le prof de maths Bernard Giraudeau. Pénélope la copine qui a la varicelle. C’est tellement Eighties mais indémodable. Bref, revoir La Boum c’est de la joie en barre.
Opening Night. De John Cassavetes. Show must go on, une actrice assiste à la mort d’une de ses fans qui se fait écraser à quelques jours de sa première. Parce que le jeu de Gena Rowland dans ce film m’inspire tous les jours. La descente aux enfers d’une actrice prodigieuse. Le film dans le film. Cassavetes filme sa femme avec fougue et passion. La réalisation est folle, ce film vous rentre dans les veines, Ben Gazzara, Cassavetes, tous les acteurs y livrent une performance rare.
Adoration. De Fabrice Du Welz. Parce que beaucoup de Belges ne connaissent pas leur cinéma. Adoration est un film extrêmement maîtrisé par son réalisateur. Les deux jeunes acteurs Fantine et Thomas sont tellement cinégéniques et sensibles, l’image est magnifique, la tension est palpable. Une histoire d’amour qui fait mal. À hauteur d’enfant, comme dit son réalisateur. Ce n’est pas un film fait pour les enfants mais les jeunes ados peuvent le voir, je l’ai vu avec mes filles et elles ont adoré (c’est le cas de le dire).
Parasite. De Bong Joon-Ho. Ce film aux multiples récompenses est un chef-d’œuvre, à mon sens. Une famille coréenne modeste et au chômage va s’infiltrer petit à petit dans une famille riche en se faisant engager l’un pour un professeur pour les enfants, l’autre pour le chauffeur… Tout y est magistral : la réalisation, le jeu d’acteur, le scénario est fou, l’image est incroyable, les costumes, les décors. Ce film est un des plus originaux que j’ai vus depuis longtemps. C’est un cinéma qui nous emmène ailleurs avec une intelligence qui nous désarçonne et ça, j’adore !
Soleil Trompeur. De Nikita Mikhalkov. Ça doit être mes origines, je suis très fan du cinéma de l’Est. Ce film qui date de 2010 et qui avait gagné l’Oscar du meilleur film étranger est une pure merveille. Il y a du Bergman dedans. C’est à la fois historique (ça se passe en Russie en 1936) et une sublime chronique familiale au moment où Staline régente la Russie. On sent l’inquiétude au cœur du bonheur.